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Accord commercial avec le Mercosur : c’est toujours NON !

Dans le cadre des négociations sur l'accord de commerce entre l'Union européenne et les pays du Mercosur, Marie-Pierre Vedrenne a rassemblé plusieurs collègues eurodéputés de divers groupes politiques et nationalités, afin de signer une tribune transpartine et transnationale pour exprimer leur opposition à un accord Mercosur compromettant les objectifs stratégiques et environnementaux européens. Vous pourrez retrouver ci-dessous une version française de la tribune publiée sur Euractiv.

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7 décembre 2023 - Seule la version officielle sur Euractiv fait foi


Accord commercial avec le Mercosur : c’est toujours NON !

De Andreas Schieder, Anna Cavazzini, Benoît Lutgen, Günther Sidl, Marie-Pierre Vedrenne & Saskia Bricmont

Alors que la Commission semble dĂ©terminĂ©e Ă  finaliser au plus vite les nĂ©gociations avec le Mercosur, l’élection de Javier Milei Ă  la PrĂ©sidence de l’Argentine le 19 novembre dernier avec sa politique dĂ©vastatrice annoncĂ©e pour l’environnement, n’est pas un dĂ©tail mais une vĂ©ritable catastrophe. Pour les Argentins d’abord pour les EuropĂ©ens Ă©galement. Il l’a dĂ©jĂ  prouvĂ© dans ses dĂ©clarations : avec lui, plus de Ministère de l’Environnement Argentin, avec lui le rĂ©chauffement climatique n’existe pas, avec lui les ressources naturelles seront privatisĂ©es.    

Nous ne pouvons pas d’une part adopter le Pacte Vert, tout mettre en Ĺ“uvre pour atteindre la neutralitĂ© climatique en 2050, dĂ©clarer l’urgence climatique et d’autre part ratifier cet accord aussi nĂ©faste pour la prĂ©servation de la biodiversitĂ©, la mise en Ĺ“uvre de l’Accord de Paris et la lutte contre la dĂ©forestation. 

ConcrĂ©tiser nos objectifs et demeurer une puissance normative environnementale, cela ne sera pas possible avec le nivellement par le bas qu’apporte l’accord sur le Mercosur. 

Pas de simples dĂ©clarations mais des engagements 

Depuis quelques semaines, au niveau europĂ©en, l’histoire de cet accord se poursuit. Des nĂ©gociations ont lieu quotidiennement pour accĂ©lĂ©rer la conclusion du protocole additionnel. 

Pourtant, que constatons-nous ? Que les conclusions de l’accord conclu en 2019, mais dans le congĂ©lateur depuis, n’offrent pas les moyens d’assurer le respect de nos engagements rĂ©ciproques. Certes, il inclut des obligations de respect des conventions essentielles de l’Organisation Internationale du Travail, des objectifs de prĂ©servation de la biodiversitĂ© ou encore le principe de prĂ©caution, mais nous sommes dĂ©munis pour assurer une mise en Ĺ“uvre effective avec ce partenaire. C’est pourquoi nous avions demandĂ© et obtenu la crĂ©ation d’un instrument additionnel pour nous assurer que les belles paroles de cet accord se concrĂ©tisent et aient un sens. En engageant de nouvelles nĂ©gociations sur cet accord additionnel, la Commission europĂ©enne reconnaissait que nous avions raison de penser que cet accord n’était pas Ă  la hauteur. Et quelles concrĂ©tisations ? Une dĂ©claration d’intention non contraignante, de simples recommandations et une coopĂ©ration renforcĂ©e qui semblent se matĂ©rialiser. Qui pourrait croire que cela ferait plier le PrĂ©sident Argentin? Pourquoi dĂ©jĂ  renoncer aux hauts standards que la Commission EuropĂ©enne voulait mettre en place avec la rĂ©forme des chapitres de commerce et dĂ©veloppement durables ? 

D’autres points concernant la lutte contre la dĂ©forestation importĂ©e, la mise en oeuvre de mesures miroir, ou encore la rĂ©ciprocitĂ© sont très inquiĂ©tants si la Commission recule sur ces points et concède encore au Mercosur.  Quel futur pour la mise en Ĺ“uvre du règlement sur la dĂ©forestation, s’il est refusĂ©e par le Mercosur ? Que faire du rejet du Mercosur du règlement sur les rĂ©sidus de nĂ©onicotinoĂŻdes dans les produits importĂ©s ? Ces demandes signeraient la fin de la rĂ©ciprocitĂ© dans cet accord. De tels reculs seraient inacceptables. La Commission semble mettre de cĂ´tĂ© nos critiques lĂ©gitimes. 

La nécessaire transformation de la politique commerciale

Plus que jamais, notre mobilisation doit porter sur une politique européenne commerciale cohérente avec nos ambitions et nos intérêts collectifs.

Nous continuons Ă  souhaiter que cet accord contribue Ă  repenser la politique commerciale de l’Union EuropĂ©enne, et Ă  la promotion de nos politiques phares : agriculture, environnement, elles doivent ĂŞtre reflĂ©tĂ©es avec nos partenaires, comme cela est le cas avec l’accord avec la Nouvelle ZĂ©lande.

De grandes avancées ont eu lieu ces dernières années dans notre politique commerciale, avec l’adoption d’un arsenal offensif, tels que la réforme des chapitres de commerce et développement durable, la réciprocité, ou encore l’instrument anti-coercition.

Nous reconnaissons les efforts du BrĂ©sil, et saluons la proposition de crĂ©ation d’un fonds destinĂ© Ă  prĂ©server les forĂŞts tropicales. Est-ce pourtant compatible avec le Mercosur de Javier Milei, qui a lui-mĂŞme dit vouloir quitter le marchĂ© commun ?   

Nous devons continuer Ă  promouvoir de hauts standards internationaux, nous devons continuer Ă  crĂ©er les conditions d’une concurrence loyale.   

Force est de constater que pour l’instant le compte ne semble pas y ĂŞtre, et il est impensable qu’il n’y soit pas. 

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